jeudi 28 février 2013

Fréquence Grenouille

Le réseau des conservatoires naturels organise la 19ème campagne de sensibilisation du grand public en faveur de la préservation des zones humides.


Du 1er mars au 31 mai 2013, 400 animations partout en France pour découvrir les zones humides, leurs intérêts, leur vulnérabilité.

Pour savoir si une animation a lieu près de chez vous, ils ont créé une carte intéractive, particulièrement bien pensée
http://www.reseau-cen.org/frequencegrenouille2013/map.html

Et si vous ne savez pas du tout comment reconnaître les grenouilles et les amphibiens, ils ont créé un petit guide téléchargeable ici

Et enfin, le guide pédagogique de l'opération "sauvons les zones humides et les batraciens"

Et surtout le site des conservatoires des espaces naturels : http://reseau-cen.org/home.php?num_niv_1=1&num_niv_2=4

dimanche 24 février 2013

Revue de presse, février 2013

Revue de presse, février 2013

Nouvelle rubrique dans l'hydrobioloblog, la revue de presse. Voici ma liste d'articles et d'actualités de ces dernières semaines ...

1. Le retour des farines animales pour nourrir les poissons d'élevage

Officiellement, l'objectif est de limiter l'impact de la surpêche ... Les ressources en poisson diminuent de manière drastique et cette solution s'inscrirait dans un principe de développement durable ...


Et pourtant, cela ne semble pas être la seule solution : la recherche s'axe aussi sur le végétal, et les insectes, ...

Et si les poissons sont riches en oméga 3 grâce aux planctons, quelles seront les qualités nutritionnelles d'un poisson élevé aux farines animales, pauvres en oméga 3 ? La question est posée sur le site e-santé.fr

2. L'impact des médicaments retrouvés dans les rivières

Dans futura-sciences cette semaine, un article s'intéresse à une étude ayant mis en évidence l'impact des anxiolytiques, non traités dans les stations d'épuration, et qui ont pour conséquence un changement de comportement chez les poissons. En l’occurrence, il est prouvé que les perches ayant accumulé un anxiolytique en cours d'eau deviennent agressives, voraces et asociales.


3. Le rapport de la cours des comptes concernant l'ONEMA

L'ONEMA joue la transparence et publie le rapport sur son propre site :  http://www.onema.fr/IMG/pdf/rapport-cc-ONEMA.pdf

Ainsi qu'une réponse sous forme de communiqué de presse : http://www.onema.fr/IMG/pdf/communique-de-presse_Onema_CC2013-02-12.pdf


Aquaculture sur un lac d'Ecosse



mercredi 20 février 2013

Cétacé dit la baleine : j'ai le dauphin

 Double rencontre : une équipe de scientifiques et le dauphin tacheté pantropical

Il y a quelque temps, un commentaire m'indiquait à juste titre que l'hydrobiologie ne concernait pas que les eaux douces mais toutes les eaux, même les mers et océans. (nb : la science des eaux continentales s'appelle la limnologie). Qu'à cela ne tienne j'ai donc une bonne excuse pour vous parler de biologie marine.

Baleines, dauphins, cachalot, qui n'est pas fasciné par ces mammifères marins et taille XXL ? Mes aventures de globe-trotteuse m'avaient déjà permis d'observer des rorquals dans les eaux froides de l'estuaire du St Laurent, en 2001. Rencontre on ne peut plus fascinante ! Cette fois-ci j'espérais côtoyer des baleines à bosse et des cachalots dans les eaux chaudes de la mer des caraïbes... 

1. Évasion tropicale

http://www.evasiontropicale.org/images/logo.jpg

Tout commence par une rencontre avec un couple de passionnés, Caroline et Renato RINALDI. Scientifiques (en partie autodidacte), ils ont été un peu pionniers en  créant en 1992 une association loi 1901 ayant pour objet l'étude, le recensement, la protection des tortues marines et des cétacés dans toute la zone caraïbe. Une passion de toujours qui a conduit ces français en Guadeloupe. Ils se sont installés à deux pas de la plage de Malendure et ont en prime créé un magnifique petit musée pédagogique. 

Leur navire "de guerre" est le Tzigane 4, un magnifique voilier de 16 m de long avec lequel ils sillonnent les mers pour étudier et observer les mammifères marins. 
Tzigane 4 (crédit photo évasion tropicale)
Bien entendu ces études sont parfois onéreuses et l'association (reconnue d'utilité publique) ne bénéficie pas toujours de subventions... Alors Renato et Caroline proposent régulièrement à une poignée de touristes de les accompagner sur le bateau lors de leurs observations. Au programme, une journée sur le voilier, un repas de poissons frais (parfois du Merlin, pêché par Manolo, leur fils, spécialiste de pêche au gros), des échanges passionnants avec les spécialistes et avec un peu de chances des observations de mammifères marins.

Suite à cette rencontre, un nouveau petit ouvrage est venu siéger dans la bibliothèque de l'hydrobioloblog, entièrement rédigé par Renato et Caroline ... Et bien sûr je suis devenue officiellement membre de cette association !

 

Et si vous aimez "c'est pas sorcier", l'épisode consacré aux baleines présente notre équipe de choc
http://youtu.be/QabxTl4q0v4?t=24m17s

Une rencontre inoubliable, des passionnés qui ont eu une influence majeure pour la connaissance et la protection des espèces et en particulier des tortues marines de Guadeloupe. 

2. Le dauphin tacheté pantropical 

Au cours de notre escapade, pas de baleine, pas de cachalot (et oui la nature nous offre ce qu'elle a à donner au moment où elle le désire ! ).... Mais un bal des dauphins fantastiques et inoubliables.

Comme je n'ai pas pu choisir "la" photo à vous montrer, j'ai fait une compilation des photos et vidéos. 


Bien qu'il s'agisse d'une espèce assez commune, la rencontre n'en était pas moins superbe. Surtout qu'il y avait probablement plus de 100 individus. Les comptages visuels et l'écoute des "chants" grâce à un hydrophone ont permis d'avancer ce chiffre. Chez le dauphin, on parle des "clicks".


Les dauphins ont de multiples moyens pour communiquer entre eux dont l'écholocalisation (acoustique). L’écholocalisation fait appel à l’os de la mâchoire inférieure qui est creux et qui sert de caisse de résonance. Les hautes fréquences sont recueillies sur la pointe du bec, les basses fréquences à la base de la mâchoire. Par ailleurs, chaque dauphin possède sa propre signature vocale.

schéma

Les dauphins tachetés ont été parmi les plus étudiés. D'une part car ils sont assez communs, d'autre part car ils ne sont présents qu'en atlantique. Il possède un développement en plusieurs étapes bien identifiables, ce qui facilite le suivi de l’évolution du comportement par les scientifiques. Comme les dalmatiens, plus le dauphin vieillit et plus il sera marbré ... C'est alors assez facile de connaître approximativement leur âge sans les capturer !

lundi 18 février 2013

Restauration, renaturation, est-ce possible ?


La restauration des cours d’eau 3ème partie.

Nous avons vu jusqu’à présent :
La question suivante vient donc naturellement : un cours d’eau qui a subi des dégradations peut-il être restauré ?

En effet, si la restauration est de remettre le cours d'eau dans son état initial, la question de l'état initial se pose alors. En effet, compte tenu des modifications exercées sur les cours d'eau depuis des siècles (souvenez-vous que les romains ont déjà modifié les cours d'eau), il semble illusoire voir inutile de revenir à un état néolithique. 

Dans cette article, je ne développerai pas toutes les méthodes de restauration des cours d'eau mais des exemples de faisabilité. 

1. Objectifs de renaturation
Les objectifs actuels sont alors que le cours d'eau retrouve une dynamique proche d'une dynamique naturelle. C'est cette dynamique des écoulements qui va influencer directement les 4 composantes de la qualité physique des cours d'eau, en les améliorant. 

Les 4 composantes de la qualité physique des cours d'eau (schéma bureau d'étude Téléos)
Il est alors important de caractériser le cours d'eau et ces 4 composantes afin de savoir ce qu'il faut viser comme objectif (+ d'érosion ?, + de connectivité ?). Dans le temps, cette caractérisation permettra d'organiser le suivi, de juger de l'efficacité, de réagir pour éviter des effets négatifs.  

2. Possibilité de renaturer ?

Bien entendu pour des raisons socio-économiques, des opérations ne pourront pas toutes être entreprises. De même dans un secteur très urbanisé, dans un secteur ou une reprise des érosions pourraient générer des problèmes de génie civile, etc. Pourtant, les travaux en eux-mêmes ne sont pas toujours très couteux. L'idée est autant que possible de redonner une dynamique au cours d'eau et de "laisser faire" cette dynamique. C'est l'équilibre entre l'érosion et les dépôts qui sera le principal acteur de la restauration d'une bonne qualité morphologique. 

Ainsi, il faut parfois anticiper cette capacité du cours d'eau à reconquérir le milieu. La vidéo suivante vous montre comment une modélisation de renaturation de cours d'eau est possible. La création de cette maquette permet de confronter les calculs aux réalités de terrain et ainsi de juger de la réèlle faisabilité d'une renaturation du cours d'eau avec les contraintes hydrauliques (Aire, canton de Genève). Bien entendu, dans ce cas, le projet est ambitieux et une telle modélisation n'est que rarement nécessaire.


La protection des biens et des personnes peut aussi limiter la zone et/ou les ambitions de restauration. Si une restauration à l’échelle du lit majeur n'est pas toujours possible, la recréation d'une hétérogénéité dans le lit mineur est souvent la plus simple à mettre en œuvre.

3. Problématique de la mobilité
 
Souvent, c'est la connexion entre le lit mineur, le lit moyen et le lit majeur qui sera le plus difficile à restaurer. L'occupation du sol peut-être un frein majeur et l'acquisition foncière des terrains n'est pas toujours possible (volonté locale, coût). Il devient alors obligatoire que les propriétaires des terrains riverains acceptent que le cours d'eau ait une action d'érosion et de dépôt, modifiant parfois un petit peu les limites et surfaces des terrains. 

Dans le cadre du contrat de rivière Loue (Doubs, Jura), il existe un souhait de création d'une zone pilote de 8km. L'objectif est de concrétiser un corridor écologique fluvial avec la vocation d'assurer les fonctions de :
  • Champs d’expansion des crues
  • Mobilité fluviale et alimentation du transport solide en crues par érosion latérale ou activation des bras secondaires, pour retrouver un lit en tresses, en maintenant le cours principal de la Loue, et sur la base d'une étude hydro-géomorphologique. 
  • Inversion du processus d’altération de la richesse et de la diversité biologiques de la rivière des milieux aquatiques associés ("Mortes", zones humides)
  • Constitution d’une zone tampon entre les cultures intensives et al rivière pour réduire les flux de
    nutriments et de phytosanitaires qu’elle reçoit.
Ces fonctions sont assurées : 
  • En arasant les endiguements existants, souvent établis en berge ou à proximité immédiate (de manière à obtenir un débordement uniforme le long de la berge).  Cette opération améliorera le fonctionnement hydraulique et écologique de la rivière.
  • En mettant un terme aux renforcements de berges,
  • En mettant en place un observatoire de la mobilité de la rivière destiné à :
    • Constater les érosions ou les formations de bras secondaires,
    • Analyser l’ensemble des impacts positifs ou négatifs immédiats ou à suivre, et proposer des mesures correctives en cas de risque de changement de direction du cours de lit principal.
    • En privilégiant une utilisation du sol dédiée à la forêt alluviale et à la prairie de pâture ou de fauche,
    • En modifiant un certain nombre d’accès aux parcelles et aux rives.
Pour en savoir plus sur les fiches action du contrat de rivière Loue, le document complet est disponible ici


Evolution des méandres de la Loue par F3FrancheComte
"Dans cet extrait de son documentaire "Doubs Loue, histoires croisées", Jean -Philippe Macchioni explique l'évolution des méandres de la Loue." Vous comprendrez que les modifications du tracé du lit ont été importantes et ont été réalisées sur une longue période. Il devient d'autant plus difficile de revenir en arrière.

Si jamais la vidéo reste figée : http://www.dailymotion.com/video/xx92cr_evolution-des-meandres-de-la-loue_news
 
4. Le Drugeon : des années de recul est un constat très positif

Une petite vidéo de l'agence RM&C sur ce qui a été fait pour renaturer le Drugeon  (25)


Et un exemple d'avant / après et de l'objectif de restauration. Cette restauration ne sera pas à l'identique mais bien une recréation la plus proche possible ou permettant d'atteindre les objectifs de bonnes qualités. Il est important de recréer un cours d'eau qui, même si il n'a pas exactement le même tracé, présente des caractéristiques d'écoulement similaires (profondeur, pente, vitesse etc).


Sur ce second schéma, il a été choisi que le tracé actuel reprenne l'ancien tracé. L'occupation du sol rendait cet objectif possible.
En bleu, le tracé historique, en rouge le tracé rectifié (1970-1999).


Et une bonne méthode, comme toujours, pour juger de l'efficacité de cette restauration : la mesure du nombre de poissons ! Sur 4 secteurs du Drugeon, en bleu, les densités en kg/he, avant les travaux de restauration, en rouge, après.



5. Méthodes de restauration
 
Il n'est pas envisageable que je traite de toutes les méthodes actuelles permettant la restauration des milieux, tant elles sont diverses mais surtout adaptées à chaque cas.

Pour connaître toutes les méthodes actuellement mises en œuvre dans le cadre de la restauration en vue de l'obtention du bon état hydromorphologique, deux documents très richement développés existent.

En revanche, j'espère pouvoir reprendre quelques exemples simples ou emblématiques plus tard, afin d'écrire des articles ciblés.

samedi 16 février 2013

Trailer de l'hydrobioloblog

Petit moment de détente et de découverte du logiciel i movie ...

Un bon moyen de diffusion de l'hydrobioloblog



mercredi 13 février 2013

Le Tilapia est-il un poisson OGM ?

À ce jour, plusieurs travaux de recherche portent sur la transgenèse appliquée aux poissons. Plusieurs questions se posent quant à l'impact de ces poissons "modifiés" sur la santé, sur l'environnement, sur la biodiversité. Personnellement, je ne saurais pas y répondre mais je suis toujours très surprise qu'on modifie autant les animaux à des fins uniquement commerciales... 

1. Saumon Atlantique

Depuis plusieurs années, le saumon atlantique fait polémique. Actuellement, la Food and Drug Administration, aux Etats-unis, émet des avis favorables pour la commercialisation de ce saumon à des fins culinaires. Rien n'est encore décidé mais les choses sont actuellement en débat. Si vous  avez manqué cette information, voici un petit reportage de zone interdite datant d'il y a deux ans, qui vous montre comment sont réalisées les recherches visant à obtenir un poisson plus rentable en terme de grossissement et donc plus rentable économiquement pour les éleveurs. La différence de taille entre un saumon sauvage et un saumon OGM au même âge est édifiante...


2. Tilapia

2.1. Aquaculture raisonnée mais est-elle raisonnable ?

Lors de mon récent voyage en Guadeloupe, j'entends parler d'un parc aquacole ventant une aquaculture responsable et durable qui privilégie qualité des produits, respect de l’environnement et du consommateur : sans pollution ni médicaments. Conquise par l'intitulé, je programme bien évidemment une visite.

A première vue, un parc agréable proposant une table d'hôte pour goûter les ouassous (article relatif à ces crevettes ici ) et les deux espèces de poissons de l'élevage. Des visites pour les scolaires sont organisées sous terme de ferme pédagogique. En bref, j'ai hâte de commencer la visite. Les bassins en extérieurs s'intègrent bien dans le paysage, le personnel est sympa. 

Puis on commence par parler des crevettes. Les ouassous cultivées ne sont finalement pas les crevettes autochtones (en déclin) mais une espèce asiatique, proche mais pas du tout indigène de la Guadeloupe. Petite déception mais au moins, cela évite de piller les rivières des "vraies" ouassous restantes. Bien entendu, pas un mot sur une éventuelle colonisation des ouassous asiatiques dans le milieu naturel... L'espèce y était absente lors des inventaires de 1973, elle est maintenant présente dans plusieurs cours d'eau. La belle intégration des étangs dans l'environnement me laisse maintenant un peu perplexe, la colonisation depuis les étangs vers le cours d'eau est bien plus simple vu que les étangs sont alimentés directement par des petites sources locales et communiquent en aval avec un cours d'eau...

2.2. Le cas du Tilapia YY

Mais ce qui me laisse profondément perplexe, c'est l'élevage du Tilapia.

Plantons déjà le décors en Guadeloupe :
"Les menaces majeures qui pèsent sur ces milieux indispensables à la régénération des populations d'altitude sont liées aux pollutions agricoles et industrielles, comme à l'introduction d'espèces (Tilapia) susceptibles de modifier les équilibres écologiques de nos rivières." Gérard Hostache, Le Courrier de l'environnement n°34, juillet 1998  "

Le Tilapia, aussi appelé localement "Rouget créole", Tilapia niloticus.

C'est un poisson bon marché, au grossissement rapide, qui représente la 2nde production aquacole mondiale après la carpe. Autant dire qu'il est étudié sous tous les angles et qu'il y a de gros enjeux en terme d'industrie alimentaire. Plusieurs organismes travaillent sur le séquençage total du génome de Tilapia. Les gènes principalement étudiés sont ceux induisant la croissance, la rusticité mais aussi la proportion de mâles et de femelles. En effet, les éleveurs recherchent une proportion la plus forte possible de mâle, dont la croissance est très rapide. 



Dans l'élevage, on nous explique bien évidemment que durant des années, c'est un choix d'hormones données aux poissons qui permettaient une plus forte masculinisation des spécimens. L'impact de l'utilisation d'hormones dans les élevages ayant été démontrée, des alternatives ont été choisies. Et cette alternative provient de la manipulation génique des géniteurs pour obtenir plus de mâles après fécondation ! 




Le programme de recherche est très avancé, les résultats publiés et les poissons obtenus par ce procédé sont utilisés dans de nombreux élevages :  il s'agit des Genetically Male Tilapia (GMT®) de fishgen, issue de la "YY" technologie.

Biologiquement, pour faire simple, ces tilapia YY sont obtenus par exposition d'oeufs à des intensités variées d'UV permettant de détruire le matériel chromosomique. Ils sont ensuite fertilisé avec du sperme non traité et subissent un nouveau traitement par la chaleur. Après diverses autres manipulations, les embryons obtenus sont soit XX soit YY. Les YY sont conservés pour devenir les géniteurs avec des tilapia XX "normaux".



Ce petit schéma vous montre clairement comment obtenir à coup sûr 100% de mâles après fécondation. Le poisson géniteur est alors représenté sous forme de "super poisson" ayant deux chromosomes Y au lieu d'un X et d'un Y.

Au final, les poissons consommés ne sont pas ceux ayant le génome YY mais les "XY" descendants de celui-ci. 

Voici la présentation de la technique, telle qu'elle a été faite lors du séminaire aquaculture qui a eu lieu en décembre 2012 en Guadeloupe. 
http://www.guadeloupe2012.com/fr/production-de-tilapia-yy.html

Dans la présentation, il est bien écrit que ce poisson "YY" n'est pas un OGM et sur le site de son créateur, on peut lire :


"Un supermale est un mâle qui possède le nouveau génotype YY, soit deux chromosomes sexuels mâles au lieu d’un, comme dans les génotypes mâles naturels (XY).   Les supermales eux-mêmes ne sont pas traités par des hormones ou par un quelconque autre traitement. Dans la technologie Fishgen, les supermales (YY) sont croisés avec des femelles normales (XX) pour produire des GMT® (XY). Des supermales ont été produits pour un certain nombre d’espèce de poisson mais sont normalement non viables pour les organismes plus sophistiqués comme les humains. "

ou encore

"L’ingénierie génétique implique des techniques qui manipulent des gènes afin d’éviter la production sexuelle normale, notamment par l’introduction de nouveaux gènes par transgenèse. Les produits de l’ingénierie génétique sont souvent référés en tant qu’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Les GMT® sont produits à travers de simple programme de croisements combinant réversion du sexe et test de la progéniture, ce qui n’implique aucune technique d’ingénierie génétique. Les GMT® sont de fait peu différents des poissons produits par des croisements normaux ou de ceux issus de programme de sélection standards, et ils ne sont pas considérés comme OGM selon les définitions légales standard."

Le terme employé est celui de tilapia amélioré ...Effectivement, on peut se contenter de la définition légale standard ... ou pas ! A vous de juger. Personnellement, je n'ai pas mangé à la table d'hôte de cet élevage...


On parle du cheval dans les lasagnes en ce moment ... Certes, je ne mange pas de cheval (et pas non plus de lasagnes préparées) mais la question est aussi de se demander pourquoi peu de personnes s'intéressent à ce qu'elles mangent ... Mangeriez-vous du tilapia ? Mangez-vous le saumon le moins cher possible sans vous demander ce qui peut expliquer ce prix au rabais ?

mardi 12 février 2013

Le roi des sources guadeloupéen

"Ouassou" ? Quel drôle de nom !

En créole, ce mot désigne le "roi des sources". Ils sont parfois appelés "z'habitants des rivières" et il s'agit d'une crevette géante qui a presque des allures d'écrevisses. D'ailleurs, le terme d'écrevisse est parfois improprement utilisé mais le nom latin confirme qu'il s'agit de sa cousine :
     Macrobrachium carcinus

  Il n'y a pas d'écrevisses en Guadeloupe mais en revanche, il y a plusieurs espèces de crevettes. Toutefois, cette dernière présente des milieux de vie relativement proche de l'écrevisse : les sources, les zones profondes des cours d'eau clairs et oxygénés. En Guadeloupe on comprend vite l'importance que revêt ce roi des sources dans le patrimoine naturel. 


Les ouassous sont aussi intimement lié au patrimoine culinaire de la Guadeloupe. Toutefois, cette espèce étant assez agressive et difficile à conserver en aquarium, en élevage, c'est une autre espèce, proche qui est élevée (Macrobrachium rosenbergii).



Cette crevette a des caractéristiques assez étonnantes. Sa taille d'une part qui peut atteindre 40 cm et près de 1kg. , sa capacité à remonter assez haut en altitude (500 m) et son cycle biologique qui associe une phase adulte en eau douce et plusieurs phases larvaires dont une phase en eau plus saumâtre (en estuaire des cours d'eau où elle vit). 

Elle est  omnivore au stade adulte, se nourrit de déchets végétaux, de fruits, de cadavres. Elle est agressive et défend un territoire ; il est rare de trouver plus d’un couple par nasse lors des inventaires menés par les scientifiques. Ce comportement territorial à l’origine d’un cannibalisme important explique le choix pour l’élevage de l’espèce indonésienne moins agressive. 

A la période de reproduction, qui correspond à la saison des pluies, les femelles ovigères (elles portent de 50 000 à 100 000 oeufs sous leur abdomen) migrent vers les estuaires, où les larves vont éclore et se développer dans un milieu saumâtre en se nourrissant de minuscules proies vivantes du plancton. 
 

Dans les rivières, on les observe assez facilement. J'ai pris cette petite vidéo en pleine journée, dans un bassin en aval d'une cascade




Dans le milieu naturel, les populations autrefois abondantes, ont régressé au cours des 30 dernières années. Une des première cause est l'absence totale de règlementation de la pêche. La capture de femelle ovigère est alors possible.... ! Mais il y a aussi la modification des habitats naturels et des pollutions liées à l’épandage de produits toxiques. Une nouvelle cause est observée avec la réfection des routes en bord de mer et le busage qui en découle parfois : les estuaires sont ainsi modifiés, la continuité écologique n'est plus toujours assurée et les femelles ne peuvent venir déposer leurs larves en eaux saumâtres.